Lorsqu'un groupe vole presque le show en première partie d'un King Crimson au sommet de ses pouvoirs, on ne l'oublie pas! La formation Octobre nous provient du groupe cover Gladstone, comprennant entre autres Mario Légaré (basse), ainsi que les cousins Pierre Flynn (voix, claviers) et Jean Dorais (guitare). Suite à la dissolution du groupe, Dorais se faufile au groupe Jude 3 (côtoyant Claude Lemay, futur claviériste de Pollen), tandis que Flynn et Légaré discutent les possibilités d'un groupe rock progressif francophone lors de leurs années au CÉGEP. Trouvant un allié dans le batteur Pierre Hébert, le nom Maelstrom s'attache brièvement au trio, très vite rejoint de nouveau par Dorais. Changeant de nom, le groupe arrive sur scène en 1972, justement lorsque le départ d'Offenbach en France amplifie le vide sur la scène musicale rock québécoise. Un air sombre, noble, Broadway même frôle la musique qui accompagne les paroles intéllectuelles d'Octobre. Raffinés et souvent loin du joual québécois, ils s'approchent des groupes venant de France (Ange et Atoll).

Dès le premier album éponyme en 1973, le groupe démontre déjà une identité forte. On voit déjà des moments saillants tels « Si on partait », « Ça prend presque rien » et « La maudite machine » (dont cette dernière pièce devint un anthem pour les jeunes quebecois). L'album « Les Nouvelles terres » offre une suite logique l'année suivante, avec l'incontournable « Violence » (démontrant déjà des affinités jazz, avec section de cuîvres), la pièce titre, « Le Chant du guerrier » et « La passe du grand flambeau ». La finesse musicale du groupe renie leur jeunesse, le romantisme de Flynn autant étonnant que les passes occasionnées de guitare 12-cordes à Dorais.

Des influences funk et R&B s'infiltrent lors du troisième album, « Survivance », en 1975, et l'identité bien gravée du groupe devient une célébration en performance. La pièce instrumentale « Tendre torture » (développée pendant toute une journée au studio) nous souhaite la bienvenue, les choristes Judi Richards (bientôt membre du trio vocal disco Toulouse) et Christiane Robichaud (ex-Contraction et Ville Émard Blues Band) vites répondues par la voix doublée de Flynn, avant de s'en aller dans des territoires funk et jazz. On amène de nouvelles influences progressives avec « La Valse à onze temps » et fusion avec « L'Oiseau rouge », tandis que « Baptême de l'air » fait presque pas arrière en jetant un coup d'oeil à la recette de « Tendre torture ». Difficile d'en tirer une pièce préférée de cet album presque parfait, avec des performances remplies d'enthousiasme... pourrait-on demander plus? Pendant ce temps, les méga-spectacles se multiplient, et le groupe s'unit avec Offenbach et Maneige afin d'établir la coopérative de production « La Maine ».

C'est le temps d'une pause pour l'écriture en 1977. Il en ressort une intélligence musicale sobre, soignée, et plutôt érudite avec l'aide d'orchestrations signées de Richard Grégoire (Les Séguin), lors de l'album « L'Autoroute des rêves ». Le premier album enregistré pour une étiquette majeure, ce serait le seul disque à apparaître au complet sur CD. Au temps de « L'Heptade » d'Harmonium, peut-être qu'Octobre veut se voir autant raffiné. Suite aux plaisirs de l'album précédant, la musique semble se prendre trop au sérieux, particulierement avec la piece sur-orchestrée « Le Grand Départ ». Cepandant, la pièce titre est d'un jazz réussi. Si l'album ne se voit pas immédiatement le supérieur à « Survivance », une série de spectacles au Théâtre Saint-Denis, produisant ainsi l'album double « 'Live' Chants dans la nuit » en 1978, aurait sa revanche comme point culminant du groupe. On finit également par ravigoter des pièces de « L'Autoroute... » tel que « Le Vent se lève » et « Insurrection » pendant cette occasion. Cet album mérite le titre de meilleur disque « live » d'un groupe de rock progressif quebécois, une distinction partagée avec l'album « En Tournée » d'Harmonium.

Les demandes de travail comme musiciens de studio viennent sous peu aux membres du groupe. Peu après, Hébert quitte son siège de batteur (il serait remplacé de Richard Pelletier temporairement, et reviendrait avant le prochain album). En ce temps, le contrat de disque avec CBS devient malédiction lorsque les « majors » se retirent de la scène rock québécoise. Octobre lance un dernier album en 1980, « Clandestins », plutôt modeste, déclaré par le groupe comme "un retour à nos sources rock".Le groupe se dissout en 1982. Les albums solo de Flynn qui suivent se promènent à travers de territoires plus commerciales, et avec « Le Parfum du Hasard » il recolte le prix Félix pour « Album rock de l'année » en 1988. Dorais lance également un album solo du titre « Radio-actif » en 1985, et Hébert et Légaré continuent d'accompagner plusieurs vedettes musicales québécoises (y inclus Paul Piché et Michel Rivard). Le groupe se réunit pour un seul concert, "Pierre Flynn: D'Octobre à aujourd'hui", lors de la clôture du Festival de Jazz de Montréal en 1989. Quatre extraits de ce concert apparaissent à la compilation « Octobre 1972-1989 », sortie sur CD en 1995.
One should not overlook an opening band that almost steals the show from a headlining King Crimson at the top of its powers! Octobre emerges from the ashes of the cover band Gladstone, both groups sharing bassist Mario Légaré, as well as cousins Pierre Flynn (lead vocals, keyboards) and Jean Dorais (guitar). After Gladstone's demise, Dorais joins another group, Jude 3 (also featuring Claude Lemay, who would go on to be Pollen's keyboardist), while Flynn and Légaré discuss the possibilities for a francophone prog-rock group during their CÉGEP (public college) years. Finding an ally in drummer Pierre Hébert, these last three temporarily take on the name Maelstrom. It isn't long before Dorais reunites with his former bandmates, and the band (now with the familiar moniker) goes public in 1972. Their timing is impeccable, as Offenbach's departure for an extended stay in France further opens the already gaping hole in Québec's rock scene. The group's intellectual lyrics are matched by melodies that give off a somber, noble air that even comes close to Broadway musicality at times. Refined and far from Québec's joual, they seem closer to France's crop of prog-rock groups (Ange, Atoll) than their own compatriots.

The group already displayed a strong identity on their eponymous debut in 1973. The band is already hitting its stride with defining moments "Si on partait", "Ça prend presque rien" and "La maudite machine" (the latter even becoming an anthem for Québec's youth). "Les Nouvelles Terres", their 1974 follow-up, is a logical step ahead with their incontrovertible "Violence" (already demonstrating jazz affinities with a brass section), the title track, "Le chant du guerrier" and "La passe du grand flambeau". The group's musical finesse belies their youth, Flynn's romanticism as astonishing as Dorais' occasional 12-string flourishes.

Funk and R&B influences infiltrate the group's sound for their third album, "Survivance", in 1975. The band's strong identity turns into a celebration of musical performance. Listeners are welcomed by the instrumental "Tendre torture" (developed in the studio through the course of a day), with backing singers Judi Richards (soon to be one third of disco vocal group Toulouse) and Christiane Robichaud (formerly of Contraction and Ville Emard Blues Band) engaging in call-and-response with Flynn's double-tracked voice, before the group sets off in funk and jazz directions. New influences are showcased throughout the album, be they the prog stylings of "La Valse à onze temps" or the fusion of "L'Oiseau rouge", while "Baptême de l'air" almost retraces its steps by emulating "Tendre torture". It is quite difficult to choose a favorite track from this near-perfect album, chock-full of enthusiastic performances... Who could ask for more? All the while, the group participates in mega-show after mega-show, and unites with Offenbach and Maneige to establish the production co-operative La Maine.

1977 sees the group take a hiatus in order to focus their efforts on composition. What results is a musical intelligence which distinguishes itself as sober, well groomed, even erudite with the help of orchestrations penned by Richard Grégoire (Les Séguin), all showcased on the album "L'Autoroute des rêves". The band's first album to see release on a major label, this would also be the only album to appear in full on CD. Recorded around the same time as Harmonium's "L'Heptade", it is possible that Octobre wanted to be seen as equally refined. Compared to the previous album's musical pleasures, this time the music seems to be perhaps too serious, especially with the over-orchestrated piece "Le Grand départ". On the other hand, the title track is a successful, out-and-out jazz number. If the album didn't establish itself immediately as superior to "Survivance", a group of shows at the Théâtre Saint-Denis (the source for the double album "'Live' Chants dans la nuit" in 1978) would firmly declare itself as the peak of the group's career. Several pieces from "L'Autoroute...", including "Le Vent se lève" and "Insurrection", finally come alive during this occasion. This album is tied with Harmonium's "En Tournée" album as best live recording from a Québec prog-rock group.

The group soon sees itself regularly bequested for studio musician work. It is not long before Hébert leaves the drummer's stool (temporarily replaced by Richard Pelletier, before returning for the next album). Also during this time, the group's contract with CBS becomes a curse when the major labels abandon Québec's rock scene. Octobre releases one last album in 1980. The group declares the comparatively modest "Clandestins" as "a return to our rock upbringing". The band breaks up in 1982. Flynn's ensuing solo albums bring him closer to commercial territory, and "Le Parfum du Hasard" nets him a Félix award for Best Rock Album of the Year in 1988. Dorais also releases a solo album, "Radio-actif", in 1985, and Hébert and Légaré still accompany several Québec musical celebrities to this day (including Paul Piché and Michel Rivard). The group reunites for a single concert: "Pierre Flynn: D'Octobre à aujourd'hui", on the closing night of the 1989 Montreal Jazz Festival. Four songs taken from this concert appear on the CD compilation "Octobre 1972-1979" in 1995.